Il fait beau, non il fait
gris, je ne sais plus. Je tente de rassembler ma mémoire. Elle m’échappe. Le
vent de la montagne l’emporte. Je marche seule sur le petit chemin bordé de
châtaigniers. La bruyère, rose foncé, égraine ses couleurs sur tous les
bas-côtés.
Soudain l’arbre surgit. C’est un géant au tronc abimé par le temps.
Cicatrices profondes de ce qu’il a vécu. Je lève les yeux. Son immense ramure, comme jetée vers le ciel, m’explose à la figure. Je pleurs. Je m’approche de lui, je tremble, mes mains rejoignent son écorce, s’y posent et font silence. Je repars comme sonnée par cette étrange rencontre. Nulle réponse à toutes mes questions. Pourtant, il doit savoir, LUI, dans les nœuds de ses branches, comme gravés à jamais, les mots qui guident et montrent le chemin.
Je n’ai pas su les lire, ou
peut-être trop bien. Mes larmes en sont témoin. Combien de temps encore vais-je
errer à côté de moi-même ? Combien de châtaigniers vais-je devoir croiser
avant d’entendre enfin leur injonction de VIE ?